Les origines du rhum
Les origines du rhum

Les origines du rhum

Les origines :

Pour produire du rhum, tout commence dans le champ de cannes à sucre. Cette canne qui nous semble être de manière banale largement cultivée dans les Caraïbes tient pourtant ses origines d’un tout autre coin du globe.
 
Originaire de Nouvelle-Guinée, la canne à sucre ne se développe que dans un climat chaud. Elle a été introduite par les Perses en méditerranée au 6ème siècle puis par les Arabes lors des conquêtes de l’Espagne et des Îles Canaries.
 
Ce sont d’ailleurs les espagnols qui introduisent la canne à sucre sur le nouveau monde en 1493, lors du second voyage de Christophe Colomb (Originaire de Gênes), à Saint Domingue d’abord et ensuite à Cuba, Puerto Rico et en Jamaïque.
 
Même si la canne se développe dans les Caraïbes dès la fin du 15ème siècle, il faudra encore attendre environ un siècle avant que les premières distilleries ne produisent de manière officielle du rum.
 
La plus vieille distillerie toujours en fonction est Mount Gay, elle est située à la Barbade et date de 1703.
 
La raison de cette attente est simple, les premiers colons ne sont pas là pour le sucre, mais pour l’or du nouveau monde. El Dorado en est le symbole et fort logiquement la Guyane anglaise, où est toujours produit du rum, le fameux Demerara Rum.
 
Développement :
 
Bien que déjà largement cultivée dans la région méditerranéenne, son succès elle le connaitra bien plus tardivement.
 
C’est bien entendu le rum de mélasse, sous-produit de la fabrication du sucre de canne, qui sera le premier à apparaître de manière systématique. La culture de la betterave en Europe mettra un coup de frein, à cette production et occasionnera par extension la fermeture d’un grand nombre de distilleries. Mais l'histoire du rum et de la Barbade est plus lointaine et profonde encore.
 
En effet elle est souvent considérée comme étant le berceau originel de celui-ci.
 
D'abord colonisée par les portugais, elle rejoindra la couronne britannique dès 1627. La canne y sera rapidement cultivée et son utilisation dans la production de sucre fera rapidement le pont avec celle de rum, puisque les techniques importées par les colons hollandais ne tarderont pas à faire couler cette boisson de pirates dans les gosiers, tout en admirant les moulins à vent qui allaient de pair avec les distilleries.
 
En bref les débuts de la production, disons de manière artisanale se situent vers la première moitié du 17ème siècle, avec ce qui fut nommé le Kill Devil.
 
Quant au rhum agricole, qui bénéficie désormais d’une appellation d’origine contrôlée et fait les beaux jours de grandes sociétés françaises, il naquit sous le nom de Tafia.
 
Il était la boisson des esclaves, les colons lui préférant de loin les spiritueux du vieux continent, jugés plus nobles. En réalité, les premiers colons français qui s’installent aux Antilles durant la première moitié du 17ème siècle, vont planter du café et du coton. La canne elle sera également cultivée d’abord pour son sucre, le rhum des débuts sera donc également produit à partir de ses résidus. Le Tafia, ou Guildive est une boisson certes alcoolisée, mais aux caractéristiques olfactives et gustatives particulières, en réalité il est impossible de le comparer avec un rhum actuel.
 
On attribue volontiers au Père Labat, la première réelle distillation de ce produit de base, vers 1694, de manière organisée et intensive. La lutte est alors féroce avec les anglais, tant pour les terres que pour la commercialisation de ce qui deviendra le rhum. Les méthodes anglaises sont plus avancées en matière de distillation et cela se ressent dans le goût définitif.
 
A la fin du 19ème siècle, la Martinique sera pour une trentaine d’années la plaque tournante du rhum, allant jusqu’à une production telle que cela fera chuter les cours du sucre. Mais en 1902 l’irruption de la montagne pelée va redistribuer les cartes. Le rhum de tradition française, c’est-à-dire de pur jus de canne va alors se développer. Il va faire face à la disparition de beaucoup de distilleries et se démarquer par ses différences gustatives, des rums britanniques et espagnols, plus végétal, terreux ou fruité. Il connaitra un succès auprès des troupes durant la première guerre. Les distilleries européennes sont à vrai dire soit détruites ou aux mains de l’ennemi et la priorité n’est pas à la production d’alcool. De 1922 à 1960 une loi sur la limitation des importations non nationales d’alcools permettra encore une présence plus significative dans les habitudes de consommation sur le vieux continent.
 
Le rhum sera bien entendu également étroitement lié au commerce triangulaire, donc à l’esclavage, qui prendra fin vers 1848. Il sera employé sur les navires comme « médicament », ou comme monnaie d’échange, mais surtout consommé par la classe la plus basse de la société, ce qui tranche avec l’image haut de gamme qu’il reflète aujourd’hui.