Un rhum né de l’entraide entre planteurs et producteurs. Chez Papa Rouyo, les planteurs, appelés « maîtres- canniers », travaillent en synergie avec les producteurs et sont un maillon essentiel de la création du rhum. Cette démarche collective vise à valoriser les savoir-faire respectifs des planteurs et des producteurs et ainsi permettre la genèse d’un rhum de terroir. Dans une démarche de respect de la terre et d’amélioration de la qualité des sols, les « maîtres-canniers » Papa Rouyo mettent un point d’honneur à travailler la canne de façon la plus traditionnelle et naturelle possible en coupant la canne longue. Les cannes sont ensuite transportées vers le moulin pour être immédiatement broyées, gage de fraicheur et de qualité, avant distillation et mise en cuves ou mise en fûts dans les chais de la distillerie à Goyave. Papa Rouyo met un point d’honneur à privilégier la traçabilité de ses rhums de la canne à la bouteille. Ce souci de transparence se reflète tant dans le choix des matières premières que dans les différentes étapes d’élaboration. Une promesse d’engagement et une perspective de vivre une expérience unique alliant plaisir et transparence. La distillerie Papa Rouyo marque le retour à une technique de distillation ancestrale : l’alambic. Cette méthode dite « discontinue » demande plus de temps et d’attention (environ 8h par passe et 24h pour une distillation complète). En effet, chez Papa Rouyo, il faut deux passes pour remplir et distiller le wash still puis une passe pour la distillation du spirit still »
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L’aventure Papa Rouyo a démarré au tout début de l’année 2021 en Guadeloupe, plus précisément à Basse Terre, dans la région de Goyave. Cette micro-distillerie est donc la plus récente sur l’île. Son nom est un hommage à Charles Albert Ruscade, dit Papa Rouyo, qui fut de 1920 jusqu’à sa mort en 1980, planteur de canne à sucre, tout comme l’était son père avant lui. Les fondateurs sont au nombre de trois, dont l’arrière-petit-fils de Papa Rouyo, Joris Galli. Ce dernier est épaulé par deux agriculteurs. Tim Synésius, qui cultive depuis 1986 12 hectares de terres situées à Écluse – Moule et Jean Marie Gobardhan, qui cultive 15 hectares sous le label biologique depuis 1988, dans la même région.
Papa Rouyo est un rhum de type agricole, il est donc directement issu du pur jus de la canne à sucre. La micro-distillerie cultive plusieurs variétés de cannes. Sur les terres de Tim Synésius poussent les variétés R579 canne rouge et B 80.0689 canne matos. Tandis que Jean Marie Gobardhan cultive une seule variété, à savoir la canne rouge. Afin de produire son rhum, la distillerie emploie également de la canne jaune B 57992. Dans le but d’optimiser le rendement, la canne sera coupée au plus long et transportée aussi vite que possible à la distillerie, afin d’être broyée et d’en extraire un jus frais, contenant un maximum de sucre et de saveurs. Ces différentes variétés sont cultivées de manière traditionnelle, à une altitude de 50 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’orientation plein est, va soumettre les cultures à des vents venants de l’Océan qui confèrera un style salin au rhum, tout en offrant un développement mineur des maladies, ainsi qu’un ensoleillement idéal. L’une des particularités, est que Papa Rouyo n’utilise pas de colonne de distillation, mais bien des alambics à repasse.
La distillation va se dérouler en trois temps. En effet il faudra produire deux distillats via le wash still, avant de pouvoir lancer une seule distillation sur le spirit still. Pour l’anecdote, ces deux alambics portent les prénoms de l’épouse de Papa Rouyo, Agathe (Wash Still) et de l’une de ses filles, Danielle (Spirit Still). Le processus complet de distillation, qui permettra d’isoler le cœur de chauffe, prendra jusqu’à 24 heures. Pour le vieillissement de ses rhums, Papa Rouyo va employer trois types de fûts, à savoir des fûts neuf français et américains, ainsi que des fûts de chêne roux ayant contenu du Cognac.
Les rhums blancs Papa Rouyo possèdent ce style caractéristique, salin et végétal. Ils vont développer des notes de réglisse, mêlant une texture à la fois minérale et sirupeuse. La trame est épicée, avec encore des saveurs de thé, de fleurs et de poivres. Selon les versions, se développeront des arômes de fruits rouges, d’agrumes ou encore de menthe. Tout cela étant le reflet d’un terroir, mais également d’un savoir-faire exceptionnel. Les rhums élevés sous bois, vont offrir de belles notes pâtissières, de vanille et de sucre roux. Leur texture est grasse et la présence de bois n’est pas dominante. La version colonne 3 ans d’âge, par l’usage d’une majorité de fûts de Cognac, développera des saveurs plus épicées de clou de girofle et de cannelle. Il y aura par ailleurs un style christmas cake, avec de l’écorce d’orange, de l’abricot et des fruits secs. Les éditions single cask sont toutes un peu différentes les unes des autres, mais on y trouve généralement un style inspiré par des arômes chocolatés, sur le café et le pain grillé. Papa Rouyo possède donc une collection de rhums qui offre une grande variété de styles, pour tous les goûts.
Papa Rouyo possède une large gamme de rhums blancs. L’œilleton est un rhum blanc réduit à 51% de volume d’alcool, par l’ajout d’une eau de source de Saint Claude. Il est produit à partir des variétés de cannes rouges et matos. La collection Antipodes est représentée par deux versions de rhums blancs. La première s’intitule Brut d’Alambics et titre un très beau 66,5% de volume d’alcool. Il s’agit d’un rhum non réduit, qui a reposé 4 mois dans une cuve inox. Il est produit à
partir de la seule variété de canne rouge. La seconde version s’intitule Blanc Maturé. Très légèrement moins puissant, il est produit sur la même base que le précédent. Il va se différencier par un temps de repose en cuve inox plus long, c’est-à-dire 1 an. Vwayaj est un rhum blanc réduit à 45% et produit à partir de la variété de canne matos. Il sera lentement réduit à l’eau de source lors e son repos en cuve inox. Le Rejeton se présente sous la forme d’un rhum blanc millésimé et est le résultat de l’assemblage de différentes cuves inox. Il est produit à partir de trois variétés de cannes, rouge, jaune et matos et possède une concentration en alcool au-delà des 50%, 56% pour la seconde cuvée.
Viennent ensuite les rhums vieillis en fûts.
Les rhums ESB, pour élevés sous bois, nommés également Sanblaj, sont composés d’un assemblage de différents fûts ayant une période de maturation d’un peu plus de 1 an. Il s’agit de fûts français neufs ayant reçu une chauffe intense, de fûts américain chauffe moyenne et d’anciens fûts de Cognac. Ce sont des rhums réduits en deçà des 50%, produits à partir des variétés de cannes rouges et matos. Jénérasyion est un rhum vieux de 3 ans, réduit à 46% et distillé sur colonne. Il est le résultat d’un assemblage de 7 fûts différents, 5 ex-Cognac et 2 de chêne français neufs. Éritaj se présente sous la forme d’un single cask. Produit à partir de cannes rouges et matos, il va passer au total 340 jours en fût. Dans un premier temps 320 jours dans un fût de chêne français neuf et fortement chauffé, puis 20 jours encore dans un ancien fût de Cognac
Les rhums Papa Rouyo sont clairement des rhums de dégustation. Il n’est évidemment pas impensable de les employés dans différents cocktails, mais les producteurs recommandent plutôt de consommer leurs rhums en accompagnements de mets divers et variés. Les blancs salins tiendront ainsi compagnie à des huitres, ou encore à un tartare de poisson au gingembre et citron vert. Les versions élevées sous bois s’accorderont avec différents fromages, des desserts au chocolat, comme avec un canard à l’orange, ce qui sera également le cas pour la version Jénérasyion. Éritaj quant à lui, bien qu’il s’accommode d’un dessert chocolaté, se dégustera pur, afin de profiter de ses particularités aromatiques propres. Il sera idéal pour les amateurs de cigares.
En 2022 lors du Concours Mondial de Bruxelles, l’édition Sanblaj a reçu une médaille d’or dans sa catégorie.
Papa Rouyo est une toute jeune distillerie, d’autres récompenses arriveront avec le temps, à n’en pas douter.
